A défaut d'avoir pu assister à une course de chevaux à Delhi, nous avons fait mieux, nous avons eu une visite guidée dans une écurie de chevaux de courses.
Ce dimanche-là, arrivé aux champs de courses, le panneau indiquait "prochaines courses à Delhi "le mardi 27 novembre" mais comme en Inde tout n'est jamais vraiment clair et vu tout ce monde, nous nous dirigeons quand même vers le guichet, achetons deux tickets, un à 65 Rs (pour un homme) et un à 35 Rs (pour une femme). C'est alors qu'un homme faisant la queue à côté nous dit (en Anglais) que ce jour il n'y a pas de courses à Delhi, les courses de polo se tiennent à Jaipur et les courses de plat à Bombay et à Delhi c'est simplement la retransmission. Alors comme cela ne nous intéressait pas vraiment, le guichetier nous reprend les tickets qu'il venait de nous donner et rend l'argent, sans qu'on ait à le demander. No problem.
Ceci étant, pas de course, qu'est-ce qu'on fait ? Il fait 26°, c'est le début de l'après-midi, il fait beau, on ne va pas rentrer déjà. Donc on flâne, on regarde les deux garçons qui sont en train d'arroser un paddock. Mais pourquoi arrosent-ils ? Vu la chaleur, cela va s'évaporer, donc ce n'est pas pour mardi. C'est à ce moment qu'on voit arriver de nul part, traversant un parking avec des voitures garées tant bien que mal, un lad qui tient un cheval et le jockey dessus. Il se dirige vers le paddock qu'on est en train d'arroser. Une fois dans le paddock il commence à faire du petit trot sur un grand cercle prenant un peu plus de place au fur et à mesure que le sable est arrosé.
Je me dirige vers le lad resté au bord et lui demande s'il parle l'Anglais . Il me fait signe de la tête non. Pas un mot. Bon, je vais m'asseoir sur un banc pour regarder ce cheval et prend quelques photos. A la fin le cheval s'apprête à repartir d'où il est venu et je dis à mon mari, "si on le suivait", mais il avait déjà pris un peu d'avance. On prend le même chemin à travers le parking, les voitures, un grand tas de paille indique que nous sommes sur le bon chemin et on arrive vers une ruelle avec un grand portail ouvert, et un gardien. Le gardien pense qu'on est venu pour les courses de polo et nous dit que les courses c'est l'entrée à côté. Je dis non ce n'est pas cela qui nous intéressé mais les chevaux, puis il repart s'asseoir et fait signe qu'on peut entrer. On entre cette ruelle et on y voit de grands bâtiments en longueur, des drôles de toiles, des gens, mais pas de chevaux. Mon mari me dit qu'il a vu rentrer le cheval plus loin dans la rue sur la droite. On s'y rend. Cette rue devait être une ancienne entrée des courses car on y voit encore un panneau avec les tarifs (voir diaporama). Et voilà qu'on arrive à l'endroit où mon mari a vu entrer le cheval, une grande porte ouverte, avec quelques noms d'entraîneurs indiqués, deux chèvres qui broutent devant, et au fond de la cour le cheval qu'on avait vu et quelques personnes, dont le lad et le jockey.
Je reste là, dans la rue à regarder, eux me regardent aussi, ne sachant pas trop quoi faire. J'y vais ou j'y vais pas, ils ne parlent pas un mot d'Anglais et moi je ne parle pas le Hindi. Je ne suis peut-être pas la bienvenue ? Puis je me lance, je fais quelques pas et tout de suite un des garçons vient à ma rencontre et me montre derrière ces grosses tentures marrons, un cheval. Voilà donc, ces grands bâtiments en longueur avec leur toile de jute ne sont pas des maisonnettes, mais abritent les box des chevaux.
Donc une fois la première surprise passée, j'étais contente comme un enfant, je regarde d'un peu plus près. Les grandes tentures en toile de jute abritent de la chaleur. Derrière il y a un couloir tout le long et les boxes, assez frais. Les boxes sont spacieux, paillés, propres, avec un petit ventilateur au plafond dans chaque boxe. L'eau et la nourriture sont distribués dans des seaux qu'on accroche aux barres des boxes. Ces deux barres qu'on peut enlever font aussi office de porte. En face de chaque boxe vous avez le nécessaire du cheval, filets, couvertures, longes, etc mais aussi un espace privé pour le lad avec même une télé. Je soupçonne que les garçons y habitent carrément. En tout cas c'est l'impression que cela donne. Ce qui m'a frappé aussi était la propreté des boxes. Pas de crottin, ni d'odeur d'urine. En Inde on a toutes les odeurs, mais là ça sentait mieux que dans certaines rues, ça sentait bon la paille. Par contre côté rangement c'est le bazaar... Mais c'est l'Inde ! Une fois la mousson passée, c'est rare qu'il pleuve, et tout devient rapidement poussiéreux.
Le garçon me montre un à un les chevaux. D'autres garçons nous ont rejoint et le jockey qui avait fait la détente nous rejoint aussi. C'est le seul à parler deux mot d'Anglais, mais si je dis deux mots, ce n'est pas beaucoup plus horse, win, 2 years, name. Difficile donc d'entamer une vraie conversation. Mais il nous montre chaque cheval, en donne le nom, l'âge. Il y en avait un qui avait le même nom que lui, 'Vikram' et était tout fier de nous l'annoncer. Ce sont de jeunes chevaux, deux ans, 4 ans. Il n'étaient pas très grands. J'ai compris qu'il y avait un jeune cheval qui avait fait sa première course et avait gagné (first run - win). Ah il va falloir que me mette au Hindi !! Il y avait aussi le cheval qu'on avait vu travailler. Il était dans la cour et le lad avait enlevé sa couverture, et était en train de le laver avec un broc d'eau, et de le brosser. L'eau est un vrai problème en Inde, il ne faut pas le gaspiller. J'ai juste vu un robinet, pas de tuyau pour la douche.
En Inde fin novembre est le début de l'hiver. 26° pour nous c'est l'été, mais comparé à leurs 45° l'été avec en plus l'humidité, rien d'étonnant qu'on mette une couverture au cheval pour le travail. Dans les boxes il faisait très bon, frais par rapport à dehors et les chevaux n'avaient pas de couverture. Probablement qu'on leur mettait le soir, lorsque la température descend à 10°. La toile de jute semble une très bonne option contre la chaleur, peut-être aussi contre le froid ?
Puis on est parti comme on est venu. Au bout de la rue on a vu deux autres chevaux que l'on venait juste de longer, ils avaient également une couverture et rentraient aux écuries.
Tout le monde était content de notre passage, pour eux on a été l'attraction d'un moment. Et nous étions contents de notre visite. Je ne pense pas que ça leur arrive souvent qu'une européenne vienne les voir et s'intéresse aux chevaux, les caresse un à un et fait la visite de l'écurie. Si je retourne à Delhi, je retournerai certainement faire un tour au champ de courses et les écuries pour les revoir.
Les chevaux que j'ai vus ne courent qu'à Delhi même. Il faut savoir que les courses à Delhi sont assez récentes (1940). Pour remonter au début il faut aller à Mumbai (Bombay) où les premières courses ont eu lieu en 1798 puis elles se sont
tenues à Pune dès 1883. là c'est autre chose. J'ai trouvé un site qui est très intéressant le "Royal Western India Turf Club Ltd." , www.rwitc.com, un peu comme notre site France Galop.